Will Mael Nyamat, candidat pour le Mouvement Progressiste

Nous n'avons pas pu rencontrer le candidat Will Mael Nyamat, en personne. Nous avons donc envoyé une série de questions au candidat par email, auxquelles il a accepté de répondre, par écrit.
Nous avons choisi de publier l'intégralité de ses réponses afin de ne pas dénaturer le contenu de ses propos. Il explique lors de cet entretien quelles sont ses convictions et ses projets quand à la députation.
Qui êtes-vous ? Présentez vous succinctement à vos futurs électeurs ?
Je suis né à Libreville, le 04 juin 1984. Je pense pouvoir dire que je suis un français de l’étranger par excellence puisque j’ai été avant d’être un français de l’étranger, un étranger en France, malgré moi… Mon Grand père né en Afrique équatoriale française s’est vu comme beaucoup de ses congénères de l’époque, refuser la citoyenneté française parce qu’il était noir. Seul le statut « d’indigène » convenait aux gens comme lui dans une France qui avait pourtant décrété les droits de l’homme plusieurs siècles auparavant.
Je suis à ce titre le symbole, la preuve que l’intégration marche, contrairement à ce que prétend le gouvernement actuel. Je suis diplômé d’une licence de droit anglais et d’une licence de droit français. Je suis aujourd’hui consultant juridique notamment dans l’immigration (que ce soit en France ou au Royaume-Uni) car c’est un domaine qui me tient à cœur. Je pense que la France doit se réconcilier avec son histoire coloniale, la regarder en face, si elle souhaite que les jeunes français issus des colonies aient enfin le sentiment d’être considérés comme des français à part entière. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas.
Le parti socialiste n’est pas à la hauteur de ce combat. Il y a beaucoup de déni, parfois même, ce combat va à l’encontre des stratégies et des ambitions des uns et des autres. La proposition de François Hollande consistant à « supprimer » le mot race de la constitution, participe de ce déni. On souhaite casser le thermomètre pour faire baisser la température. Il faut se demander pourquoi beaucoup de jeunes français issus de la colonisation émigrent en Angleterre.. Combien sont-ils ? Beaucoup ne sont pas inscrits au consulat parce qu’ils veulent oublier la France ! C’est ce contre quoi il faut lutter. Il faut leur redonner l’amour de la France, et cela passe par des actes forts. Pas par le déni de réalité.
On crée des lois sur la parité mais on refuse de donner des coups de pouces aux minorités ethniques qui subissent au minimum la même discrimination que les femmes. Je ne suis pas certain que tous les hommes quel qu’ils soient, bénéficient du système. Un homme noir est au moins l’équivalent d’une femme blanche en ce qui concerne les discriminations subies.. Mais ça, le PS, parti dit de gauche, estime simplement, parce que la discrimination implique la « race » qu’il ne faut rien faire au nom de la sacrosainte égalité de tous.
Mais malgré cette sacrosainte égalité, notre pays n’a pas hésité à maintenir l’esclavage et la colonisation contre d’autres hommes après avoir déclaré les doits de l’homme que dire de la Françafrique et de l’aide que la France fournit aux dictateurs africains francophones au nom des intérêts des multinationales du pétrole depuis 1960 ? (droite come gauche). Il faut sortir de l’hypocrisie généralisée, les jeunes générations ne l’acceptent plus.
Je suis viscéralement attaché à la république parce que le colonisé que je suis reste imprégné au plus profond de son âme, de cette présence française en Afrique qui dure encore aujourd’hui et que beaucoup tentent de rayer de notre mémoire collective."
Quel est votre parti ? Pouvez-vous expliquer votre programme ?
"Le Mouvement Progressiste est un mouvement que j’ai créé afin de disposer d’une structure capable d’imposer certains thèmes sur le long terme.
J’appelle d’ailleurs tous ceux qui ne se retrouvent plus dans les idées, non pas du PS (et ils sont nombreux) mais dans certaines pratiques qui y ont court, à me rejoindre.
Un jour la candidate du PS m’a reproché d’être candidat alors que je « débarque » … simplement parce que j’avais exigé lors d’un scrutin interne qu’une urne réglementaire (fully transparent) soit utilisée.Rien de plus logique. Je n’ai pas très bien compris cette formule.
Qu’entendais t-elle par là ? Débarquais-je parce que j’étais né au Gabon et que j’avais eu l’outrecuidance de me présenter contre elle qui n’est pas plus née en France que moi d’ailleurs… ?
Ou alors débarquais-je parce que je n’étais à Londres que depuis 3 ans et qu’elle y était depuis plus longtemps ?
Il serait bien qu’elle clarifie ces propos un jour parce qu’ils m’ont profondément blessés.
Il y a en a qui croient qu’ils disposent d’une sorte de droit de préemption sur les circonscriptions et que personne d’autre qu’eux n’a le droit de se présenter..
Moi je crois en l’universalité du suffrage et de la République.
Et pour que tout le monde comprenne bien, j’annonce d’ors et déjà que le Mouvement Progressiste présentera des listes l’an prochain aux élections AFE. Nous sommes résolus à nous installer sur le long terme dans cette circonscription, n’en déplaise aux conservateurs de tous bords
Peut être aussi parce que je ne suis pas né en France, que je ne suis pas membres de certains cercles.
Nous n’avons pas la même conception de la république et du suffrage universel. je me suis toujours battu sur ce point au sein du PS où certains font primer le copinage, et le réseautage, sur la relation directe avec les français.
Ce n’est pas ma culture politique ; j’en ai tiré les conclusions en me retirant et je ne regrette rien.
Les français trancheront et quelque soit le résultat de ces législatives, je suis plus que jamais engagé en politique et mon combat continuera avec celles et ceux qui voudront bien le soutenir.
Mon programme tient en un seul mot : indépendance.
Je souhaite que notre parlement redevienne indépendant du pouvoir exécutif. Que les députés redeviennent maitres de leur droit de vote.
J’ai toujours été contre le système des partis qui en réalité ne sont que des corporations dont les intérêts sont souvent éloignés de l’intérêt général.
Mais en même temps, ce sont des instruments indispensables dans la conquête du pouvoir. J’essaie donc de trouver le juste milieu.
Je suis un homme libre et je ne supporte pas que l’on me dicte ma conduite. C’est pour ce la que pour moi, l’indépendance du vote des députés est un point clé.
Il faut rendre le pouvoir au peuple. Jean luc Mélenchon le dit et il a raison ! Degaulle le disait en son temps, et la conclusion n’est pas du tout saugrenue.
D’ailleurs Mélenchon après 30 ans passés au PS l’a quitté. J’ai décidé de pas attendre aussi longtemps."
Quel est l’enjeu de cette élection pour vous ?
"Permettre aux abstentionnistes d’exprimer leurs voix. Aujourd’hui, la communauté française est dirigée par une minorité de gens qui fréquentent les mêmes clubs, les même écoles etc. Ce sont quelques personnes très actives certes, mais une minorité quand même. Il faut y remettre de la diversité. De la diversité politique pour être précis.
Ce que je souhaite, c’est que le système profite à tous et pas seulement à un petit groupe d’individus.
La grand majorité est en réalité exclue et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle ne vote pas. C’est elle que je veux mobiliser.
Je n’ai jamais été un calculateur. Avant de faire quelque chose, je ne me dit pas : Que vont pense les gens ? Non je suis quelqu’un de très spontané, chalereux. C’est certainement du à mon coté k1free."
Quels sont les problèmes à régler en priorité concernant les français expatriés ?
"La priorité pour moi, c’est l’accueil des nouveaux arrivants et l’aide aux entreprises. Beaucoup de jeunes sont perdus et ne savent à quel saint se vouer lorsqu’ils débarquent. Quant à l’aide aux entreprises, elle doit plus profiter aux PME et aux TPE qu’aux grandes entreprises multinationales. Je transformerai également de façon radicale, l’offre de logement pour les français à l’étranger."
Quelle est votre position sur la question de la binationalité et du double impôt?
"Il ne s’agit pas d’être pour ou contre la bi nationalité. La bi nationalité est. Elle doit être respectée. Pour moi ce n’est même pas une question qui devrait se poser. On ne peut pas choisir entre son père et sa mère ; je suis originaire du Gabon (un pays que je considère toujours sous domination française certes) mais au sein de l’ONU, il compte comme un pays soit.. Gabonais, donc j’ai été naturalisé français. Ma compagne est polonaise et notre fils qui naitra en mai sera triple national..
Demain on le soupçonnera de ne pas être totalement français ? On lui demandera de prêter allégeance à je ne sais quel symbole, alors que nous avons eu de tous temps des étrangers qui ont servi ce pays corps et âme sans se poser de questions, alors que dans le même temps, ceux qui s’autoproclament plus français que les autres collaboraient avec l’ennemi Nazi ?
Nous n’avons pas de leçon à recevoir. Ce pays nous l’avons défendu au prix de notre sang. On parle beaucoup du débarquement de Normandie, mais beaucoup oublient que sans l’immense empire colonial qui était le notre à l’époque et le combat acharné des compagnons de la libération en Africains, le général de Gaulle n’aurait jamais eu de base arrière pour revenir délivrer la métropole.
Le Colonel de Gaulle (et oui, il n’a pas toujours été général) n’a été pris au sérieux par les américains et les anglais que parce qu’il pouvait compter sur l’appui de cette partie là de la France.
Je rappelle souvent que la capitale de la France libre ne s’appelait pas Paris et encore moins Vichy mais bien Brazzaville (Congo).
Qui parmi les jeunes générations en France connait le gouverneur Général Félix Eboué qui le premier rallie l’Oubangui Chari à la France libre et mène un combat victorieux contre la progression des troupes allemandes et italienne notamment du General Graziani. N’oublions spas que la guerre était mondiale et que si les allemands avaiet pris cette partie de l’Afrique, cela aurait bien pu changer le cours de l’histoire.
Je me souviens de cette phrase de Pierre Dac né André Isaac, compagnon de la libération qui, a une attaque dePhilippe Henriot sur sa prétendue impossibilité d’aimer la France parce que juif, répondit que son frère, juif lui aussi par définition, décédé au front lors de la Première Guerre mondiale, portait bien sur sa tombe l'inscription « mort pour la France », alors que sur celle de Philippe Henriot on écrirait « mort pour Hitler, fusillé par les Français »..
Je n’ai pas de leçons à recevoir de ce point de vue. Des soldats français issus des colonies tels que Charles Ntchorere par exemple, qui a combattu pendant les deux guerres mondiales, exécuté par les allemands, et dont le corps a été broyé par un char parce que noir, n’ont jamais été reconnus par la nation. j’ai bien l’intention rétablir aussi cette vérité là.
Je suis conscient que le combat que le mène pour l’égalité des n’est qu’à ses balbutiements. Mais je sais aussi que beaucoup de français ressentent aujourd’hui ce malaise et qu’ils n’attendent qu’un déclic pour réagir."
En tant que candidat pour l’Europe du nord, que pensez vous pouvoir apporter aux débats nationaux ?
"Comme je l’ai dit plus haut : indépendance du parlement, rajeunissement et renouvellement de l’élite politique, indépendance de la justice etc.
Je serais inlassablement au front pour dire sans complaisance ce qui ne marche pas. Le copinage est un risque pour la démocratie car il empêche ceux qui sont sensés dénoncer des dérives de la faire. Ils vont donc à l’encontre des intérêts des électeurs.
Les élus doivent également rendre des comptes à intervalles réguliers au cours de leurs mandats."
Comment fonctionne votre campagne ?
"Ma campagne est très modeste. J’ai installé mon QG de campagne en région parisienne pour des raisons de maitrise de coûts. je vais à la rencontre des français dans les gares et les aéroports parisiens, car je n’ai pas les moyens de voyager dans chacun des pays de la circonscription. Et puis d’ailleurs, je pense qu’il faut limiter au maximum son empreinte Carbonne. Le Mouvement progressiste est aussi un mouvement écologiste. J’utilise essentiellement mon blog pour communiquer. J’évite désormais de communiquer avec les journalistes car j’ai appris avec le temps que certains d’entre eux avaient des partis pris et qu’ils n’étaient pas tous neutres.
Cela peut paraitre naïf comme ça, mais j’ai vraiment cru à l’impartialité totale des journalistes en général jusqu’à ce que je me fasse piéger par des gens à qui je m’étais totalement ouvert. Mais heureusement, il y a aussi de bons journalistes. Je constate d’ailleurs que c’est une stratégie qui marche. Les gens viennent de plus en plus sur mon blog et des journalistes reprennent mes propos.
Je veux axer ma campagne sur la diversité de la France. De nombreux jeunes français issu de la colonisation sont installés au Royaume Uni car il fuient les discriminations.. Mais ils ne sont pas les seuls. Si la couleur de peau est un facteur aggravant, tous les jeunes ou presque subissent en France, des discriminations liées à leur conditions de jeunes.
Je veux également parler de notre langue, la langue française, de la francophonie mais également d l’intégration. Refuser la stigmatisation dont on sait où elle mène.
Je rencontrerai d’ailleurs prochainement à Stockholm un député suédois qui est le symbole de ce que l’intégration marche lorsqu’on donne aux étrangers des chances de s’intégrer.
Hanif Bali est un député au Riksdagen (parlement suédois) dont la famille a fuit les persécutions en Iran. Il est arrivé en Suède à l’âge de 3 ans et est devenu député à 18 ans. C’est la preuve non pas d’une plus grande ouverture d’esprit des suédois, mais d’un système politique ouvert où chacun a sa chance. Le notre est fermé il faut le déverrouiller.
Malheureusement, ceux sur qui on peut compter pour changer les choses s’allient à ceux qui ont le pouvoir en échange d’une place au soleil.
Pour moi c’est une attitude méprisable qu’il faut combattre. quand des jeunes s’allient à des apparatchiks juste parcequ’on leur a promis un poste d’attaché parlementaire, ils font du mal à la jeunesse toute entière.
Hanif et moi animeront une conférence sur l’intégration à Stockholm dans les jours qui viennent. la date et le lieu n’ont pas encore été arrêtés mais nous tiendrons au courant.."
Pensez-vous être à l’écoute des français expatriés ? Si oui, comment ?
"Je ne souhaite m’autoproclamer ‘’à l’écoute’’. Je ne suis que candidat. Quand je serai élu j’écouterai. Pour l’instant je propose.
Je sais pour vivre à Londres, quels sont les problèmes rencontrés par nos concitoyens. Mais je n’ai évidemment pas la prétention de connaitre toutes les situations puisqu’il est impossible d’être partout en même temps. C’est pour cela que j’invite ceux qui on des choses à apporter au débat, à rejoindre mon équipe.
Mais je réponds à tous les messages qui me sont envoyés ; notamment celui d’Hélène Haem de Calais préoccupée par le projet de RER transmanche."
Pour en savoir plus sur le candidat: https://www.facebook.com/Objectif2012
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