Depuis un an, Rachel emmène les touristes de Londres à la découverte de l’histoire et des secrets des toilettes publiques de la capitale britannique. Je sais, moi aussi au début, j’ai cru à une blague. C’est d’ailleurs un peu comme ça que tout a commencé pour la jeune Américaine. Bealondoner l’a suivi dans son walking tour pour le moins original…
L’humour est forcément au rendez-vous lorsque vous embarquez pour un walking tour dédié aux toilettes publiques de Londres. Une petite dizaine de touristes ainsi qu’une poignée de Londoniens ont rejoint Rachel à la gare de Waterloo pour 1h30 d’histoires drôles et d’anecdotes sur la politique d’hygiène publique à Londres. Même au XXIème siècle, la question des toilettes reste un enjeu majeur. Comptez vous-même : plus de 8 millions de personnes qui se rendent aux WC 6 à 8 fois par jour, ça en fait des litres d’eau partis à la chasse !
Le London Loo Tour de Rachel commence par une évidence, mais faut-il encore le savoir : les toilettes les plus hauts de Londres, et même d’Europe, se situent au dernier étage du Shard. Les toilettes du bar à cocktails du célère building londonien valent le déplacement : la vue sur Londres y est extraordinaire, à tel point qu’il y a toujours une assez longue queue pour se rendre aux petits coins.
Notre premier arrêt est le préféré de Rachel : les Jubilee Toilets, installées non loin du London Eye à l’occasion du 60ème anniversaire du couronnement de la Reine Elizabeth II. L’entrée y est de 50p, bien plus que ce que vous pouvez trouver d’ordinaire à Londres, mais Rachel est convaincue : « It’s worth it ! » Spacieux, propres et décorés de bon goût (l’Union Jack est partout), les Jubilee Toilets sont sans nul doute les toilettes les plus nationalistes qui soient, et c’est bien ce qui nous plaît.
Nous traversons ensuite la Tamise, que Rachel aime appeler les plus anciens WC de Londres. Pendant la canicule de 1857, ou l’été de la puanteur, les odeurs des excréments déversés dans le fleuve étaient tellement insupportables que les hommes politiques prirent enfin la décision de changer le système d’évacuation des déchets humains, et d’épargner ainsi la dégradation des eaux de la ville. Il était temps !
A mi chemin sur le Jubilee Bridge, elle nous conte l’origine du mot anglais « loo » qui signifie toilettes. Celui-ci proviendrait tout bonnement de l’expression française « gardez l’eau », sous entendu « attention à l’eau », que l’on criait en ville au Moyen-âge avant de vider son pot de chambre par la fenêtre, directement dans la rue. Les Britanniques n’en ont conservé qu’une traduction maladroite, qui s’est transformée au fil des années pour ne plus retenir que « loo ». Les Français aiment eux utiliser l’abréviation WC, ou Water Closet, un terme anglais que nos amis d’outre- Manche n’emploient désormais plus.
La petite histoire suivante est celle du lancement du Loo Tour, il y a exactement un an et trois mois. Originaire de Californie, Rachel s’est expatriée à Londres pour venir étudier le théâtre et Shakespeare en particulier. En plus de sa passion pour la scène, Rachel a toujours su qu’elle voulait être guide touristique à Londres, un crédo malheureusement déjà surexploité. Un jour, Rachel avoue à une amie qu’elle a obsédée par les toilettes de Londres, éprise du besoin de dénicher tous les endroits gratuits où il est possible d’aller faire sa commission. La voilà la bonne idée ! Et le tour est en effet ponctué de bons tuyaux sur les toilettes libres d’accès les plus proches de vous. Good to know !
Pour agrémenter le Loo Tour, Rachel pose aussi des questions savantes sur les toilettes : savez-vous combien de temps hommes et femmes passent sur le trône au cours de leur vie ? Ou combien de litres d’urine une personne produit sur l’ensemble de son existence ? Je peux désormais me vanter de connaître la réponse à ces questions grâce à Rachel et sa connaissance d’experte sur les WC.
Autre interrogation, relative à la photographie ci-dessus : avez-vous déjà observé des cercles comme celui-ci dans les rues de Londres, et savez-vous ce qu’ils cachent ? Il s’agit d’urinoirs pardi, qui sortent de terre vers 20h pour permettre à ces messieurs quelque peu éméchés de faire leurs besoins dans un espace approprié, plutôt que directement dans les caniveaux de Londres. Chaque année, la ville de Westminster nettoie plus de 45 millions de litres d’urine de ses rues.
Après les rives de la Tamise, Covent Garden, Trafalgar square ou encore la seconde plus petite allée de Londres, le Loo Tour s’achève au Cellar door, l’un des bars les plus tendance de la capitale, qui n’est autre que d’anciennes toilettes publiques où Oscar Wilde retrouvait ses amants. L’établissement dispose aussi de cabinets originaux. Pas de spoil, nous vous laissons libre de juger par vous-même.