Originaire de Toulouse, Sadia est venue à Londres pour changer d’air. Arrivée en décembre dernier, elle nous raconte son aventure dans les rues de la capitale.
Credit photo: A.D.
À 28 ans et après trois ans d’études en administratif à Paris, Sadia a eu envie de nouvelles horizons.
« J’ai été à Paris pendant trois ans, puis je suis rentrée sur Toulouse. Mais j’en ai eu vite marre. Me retrouver dans les mêmes endroits, encore et encore, le retour a été un peu compliqué. J’ai eu envie de changement. J’ai choisi Londres car c’est hyper vivant. J’y étais venue pour des vacances car ma sœur vit ici et j’avais adoré l’ambiance. Au début, j’avais un vrai apriori sur tous ce qui était dans le Nord, pays comme villes françaises. Pour moi, sud rimait avec chaleureux et toujours accueillant et je voyais les gens du nord comme tristes et froids. Evidemment, je me trompais !»
Partie avec une valise et sans un sous en poche, notre toulousaine emménage d’abord à Greenwich, chez sa sœur.
« J’ai pas mal vadrouillé au niveau logement. Je suis passée par Greenwich, Hackney, pas loin d’Heathrow… Je n’ai heureusement pas eu trop de soucis, à part un passage dans une auberge vraiment sale et une coloc où je suis restée bloquée trois mois car je ne trouvais personne pour reprendre ma chambre. Mais ça permet de rencontrer du monde ! »
Qu’est-ce qui te plaît depuis que tu vis ici ?
« Personne ne te regarde et ne te juge, tu vis comme bon te sembles. Il y a les avantages des petites et des grandes villes réunis. Paris c’est bien, il y a pleins de choses à faire mais c’est grand et fatiguant, il faut courir tout le temps. Alors qu’à Londres, chaque quartier est comme une petite ville, tu as tout ce qu’il faut juste à côté. C’est aussi vivant tous les jours, le dimanche tu n’as pas que le petit marché, tu es des gens de partout. J’aime aussi le fait que tu ne te sens jamais en danger. Je ne suis pas du genre à m’inquiéter facilement, mais j’avoue qu’en France je commençais à avoir peur. À Londres quand tu rentres le soir tu te sens en sécurité. Et les gens sont hyper gentils. J’ai eu le contraste entre Paris et Londres en une journée et c’était flagrant. J’étais redescendue pour ramener mon chat ici et à Paris personne n’est venu m’aider à porter tous mes bagages, c’était toute une galère ce voyage ! À peine arrivée à Londres, tu n’as même pas besoin de demander, on t’aide tout simplement.»
Des points négatifs ?
« Ce n’est pas facile, je suis vraiment amoureuse de cette ville. Je dirais la nourriture, je suis végétarienne et c’est cool car les anglais ont un vrai esprit « vegan » mais ça coûte très cher, plus encore qu’en France. Et en général, la nourriture n’a pas vraiment de goût, tout est emballé dans du plastique… Et leurs vins ne sont vraiment pas top non plus. Moi qui suis une amatrice et qui viens du Sud-ouest, ça me manque ! Mais bon, j’ai la Guinness pour me réconforter. Ah, le temps du sud me manque un peu. Le fait que l’on te demande ton ID tout le temps. À 28 ans, ça faisait bien longtemps que l’on ne me la demandait plus ! Ici, tu l’oublies tu ne rentres nulle part. C’est chiant mais sécurisant aussi. Si tu as un problème en boîte ou dans un bar, on sait qui y était. C’est comme ça qu’un ami s’est retrouvé fiché dans les bars car il s’était battu. C’était un bagarreur et depuis, ça l’a calmé ! Le dernier truc serait l’absence de volets, ça, c’est pas cool.»
Depuis début janvier, Sadia travaille dans un call center. Un travail plutôt temporaire, le temps de trouver un job en restauration.
« À Londres il y a pleins de petits jobs. J’aime bien le fait que tu puisses virevolter comme tu le souhaites, en deux jours tu trouves. Et puis ça te permet de rencontrer plein de monde. Le call center c’est bien car tu es bien payé et que tu as des vacances. Je suis payée entre 8 et 9£ l’heure, ça m’a permis d’économiser pendant un moment et d’être tranquille financièrement. »
Depuis trois semaines, elle s’est pris un appartement avec deux autres amis à Bethnal Green, « comme une vraie londonienne ». Amatrice de son électro, de street-art et de friperies, Sadia aime se balader et sortir dans l’est, les quartiers qu’elle préfère.
« Brick Lane et Shoreditch c’est le paradis. Tout ce qui est friperies, magasins, street-art et bonnes soirées électro c’est dans le coin. J’adore le village underground, le Nest, j’ai découvert dernièrement un super endroit qui s’appelle le Nomadic Community Gardens à Brick Lane et c’est génial. Un peu jardin un peu caché avec des tags, de la musique, chaque dimanche il y a un truc d’organisé avec pic-nic, etc. C’est un super spot. »
Pour la suite, Sadia se voit rester ici pour longtemps. Maintenant installée dans son appartement, elle compte bien vivre ici une bonne dizaine d’année. Son rêve : vivre sur une île au soleil, mais pas avant d’avoir fait le tour du Royaume-Unis et de l’Europe du Nord. Qu’est-ce que ça t’apportes de vivre ici ?
« Une ouverture d’esprit encore plus grande. Parce qu’en vivant ailleurs, je comprends mieux ce que c’est que d’être étranger en France. D’arrivée dans un pays où tu ne connais pas la langue, où l’on n’a pas les mêmes avantages que les natifs par exemples et que l’on se fait avoir plus facilement. Et puis même si je ne suis pas loin, la vie est complètement différence. Les codes ne sont pas les mêmes, leur façon de vivre non plus. Par exemple, ici on sort très tôt et c’est super. Tu profites à fond de ta soirée et tu es frai le lendemain. »
Des conseils pour les français qui aimeraient tenter Londres ?
« Ne passez pas par des agences ou lisez bien votre contrat entièrement. Des chambres il y en a, donc ne vous précipitez pas. Ne pas se dire « s’il pleut je ne sors pas ». Je conseillerais aussi d’arriver en hiver, car il est assez dur et c’est plus facile si on le vit en premier et que l’on profite après des beaux jours, plutôt que l’inverse. Faites aussi attention à vos sous. On fait un peu les fous en arrivant et ça part très très vite. Et surtout, ne rester pas entre Français. Forcez-vous à prendre un job où ça parle anglais, c’est super pour rencontrer du monde et vous faire progresser en anglais. Le Cercle des Français c’est bien, mais il ne faut pas en abuser. »