Le couturier écossais disparu en 2010, Alexander McQueen reprend vie au cours de l’extraordinaire exposition qui lui est consacrée au V&A de Londres. Exubérance, grâce et ambiances mortifères marquent le parcours de celui fut l’enfant terrible de la planète mode. Du 14 mars au 2 août 2015 au Victoria&Albert Museum.
C’est le visage en pleine mutation du créateur lui-même qui reçoit le visiteur de Savage Beauty. Alexander McQueen, qui s’est donné la mort en 2010, reprend vie pour quelques instants, le temps que son portrait en hologramme passe de la chair au squelette.
Le ton est donné pour ce qui est la plus complète rétrospective sur le travail de celui qui fit ses armes chez Givenchy et dont la carrière fut une succession de collections avant-gardistes et somptueuses. Il n’y avait qu’un seul Alexander McQueen, et celui qui a laissé le monde de la mode orphelin, un matin brumeux de février 2010, laisse en héritage une œuvre titanesque, grandiose et unique.
Des femmes cerfs, en passant par ses héroïnes romantiques et sauvages, McQueen a su marquer les esprits d’une empreinte indélébile, dans un monde toujours plus prompt au conformisme.
Créée au Costume Institute at the Metropolitan Museum of Art de New York, Savage Beauty regroupe 240 robes et ensembles du couturier. Parmi ces tenues, on retrouve celles de la collection d’Isabella Blow, sa muse et amie qui fut aussi au cœur d’une autre expo londonienne à la Somerset House intitulée Fashion Galore ! en 2013 mais aussi des prêts venus de la Maison Givenchy ou de collectionneuses privées telles que Katy England et Annabelle Neilson.
Gainsbury and Whiting, les producteurs des défilés d’Alexander McQueen ont apporté leur aide à la conception de l’expo. C’est pour dépeindre l’univers provocant, magique et parfois même lugubre de McQueen que Gainsbury and Whiting utilisent des vidéos de défilés, installations arty et bande sonore soignée qui change au fil des salles et des ambiances.
Homme féru de technologie et en avance sur son temps, le point d’orgue du show est l’apparition de l’hologramme de Kate Moss, flottant dans un nuage de tulle grise qui fit la clôture de son défilé Widows of Culloden (A/W 2006).
Visionnaire et provocant, la folie créatrice du couturier témoigne de toute sa force dans son fameux cabinet des curiosités. Robes extravagantes, voire extraterrestres se mêlent aux accessoires, comme les chapeaux de Philip Treacy, les bijoux de Shaun Leane et les chaussures aux talons compensés vertigineux qui firent la réputation du designer et qui sont portées à la ville, par une de ses plus grandes adoratrice : Daphné Guinness.
S’il n’y avait qu’une exposition à voir ce printemps à Londres, c’est sûrement celle-ci. Que vous soyez modeux ou pas, Savage Beauty vous transporte dans un univers unique, délirant et excentrique. Adjectifs que l’on pourrait accoler aussi à Londres, la ville belle et rebelle.
Credit Photos:Installation view of 'London' gallery Artist: Alexander McQueen Savage Beauty at the V&A. 2015. Victoria and Albert Museum, London